La psychomotricité

La psychomotricité est une discipline paramédicale définie par le décret du 06 mai 1988. Les séances de soins s’effectuent sur prescription médicale en concertation avec l’équipe pluridisciplinaire. Elle s’adresse à une population large en partant du nourrisson jusqu’à la personne âgée ou en fin de vie. Seules les séances de psychomotricité pratiquées dans des centres de soin spécialisés sont prises en charge à 100% par la Sécurité Sociale. En libéral, elles ne sont pas remboursées par le Sécurité Sociale, seulement par certaines mutuelles.

En psychomotricité, le corps est considéré comme le point d’ancrage des expériences sensori-motrices, émotionnelles et sociales. Comme en kinésithérapie, ergothérapie ou activités physiques adaptées, la psychomotricité s’intéresse au corps et au mouvement. Plus spécifiquement, le psychomotricien se base sur l’interrelation entre les fonctions motrices et la vie psychique. Il se préoccupe de la façon dont chaque personne perçoit et vit son corps. L’objectif étant de permettre au patient de se réapproprier son corps de façon positive et agréable.

La maladie a une incidence souvent négative sur l’image corporelle des patients. L’annonce de la maladie peut être vécue comme un traumatisme et participer à l’apparition de certains désordres psychomoteurs (Coly-Layani, 2014, p.27). Face à un corps médicalisé (soins douloureux, pose de port-à-cath (PAC), perfusion, transfusion, traitements, effets secondaires), les patients peuvent éprouver un sentiment d’insécurité dans leur propre corps et le désinvestir d’une façon défensive ou protectrice. « Pour investir et se réapproprier ce nouveau corps, il ne suffit pas de panser le corps mutilé, mais il faut aussi pouvoir le penser et se le représenter avec une mise en mots » (Reich, 2009).

La psychomotricité peut intervenir à différents moments de la maladie cancéreuse : à l’annonce du diagnostique, en phase curative, de rémission et palliative. Les axes thérapeutiques consistent à favoriser l’acceptation du diagnostic, à réinvestir son corps, ou encore à réapprendre à être en lien avec les autres.

En oncologie pédiatrique, le traumatisme de l’annonce ou la séparation forcée par la mise en place des traitements mettent à mal le lien parent/enfant. L’accompagnement psychomoteur permet également de renforcer la diade ou triade parent/enfant.

Il existe aujourd’hui de nombreuses écoles de psychomotricité en France. Les études sont accessibles après le BAC pour une durée de 3 ans. Selon les instituts, l’accès à la formation se fait sur dossier via Parcoursup, ou après une première année d’études universitaire (PASS, LAS, L1 STAPS, L1 Sciences), ou encore par concours. La formation comprend diverses matières : anatomie, physiologie, pathologies médicales et chirurgicales, pédagogie, pédiatrie, psychologie, psychiatrie, santé publique et de nombreuses heures de psychomotricité pratique et théorique. A cela, s’ajoutent des stages en structure éducatives, sanitaires et médicosociales. A l’issue de la formation, est délivré un Diplôme d’Etat de Psychomotricien.

Lors des premières rencontres, le psychomotricien réalise un bilan psychomoteur, afin de mettre en lumière les capacités du patient, déterminer ses difficultés et mettre en place un projet de soin personnalisé en lien avec l’équipe interdisciplinaire.

Au travers de diverses médiations, le psychomotricien favorise la conscience psychique et corporelle individuelle menant à la connaissance de soi et de ses besoins, point de départ de toute évolution. Les médiations peuvent être la relaxation, la respiration, le toucher thérapeutique, le photo-langage, l’art-thérapie (photographie, peinture, dessin, etc), la balnéothérapie, les stimulations sensorielles (par la musique, les odeurs, la méthode Snoezelen), l’accompagnement en groupe, ou autres, selon les spécialisations du professionnel, des possibilités du service et des envies du patient.

Ainsi, les séances peuvent s’effectuer en individuel ou en groupe, en chambre ou dans un espace aménagé.

Le psychomotricien n’a pas de droit de prescription mais peut identifier les besoins et orienter les patients vers d’autres soins de support.

Les séances de psychomotricité vont permettre la mise en lumière des interactions entre corps et émotions. Elles donnent l’opportunité de vivre et verbaliser celles-ci. Réapprendre à vivre dans son corps et se le réapproprier passera forcément par l’acceptation de ses évolutions, positives comme négatives.

La psychomotricité est un soin de support qui a sa place en oncologie. Elle doit être exercée en lien avec les oncologues et médecins du service. Elle vient compléter l’offre de soins d’une équipe interdisciplinaire : médecins, infirmiers, aides-soignants, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, assistants sociaux, psychologues, diététiciens et socio-esthéticiens…

Coly-Layani, S. (2014). Une approche psychomotrice en service d’oncologie : expérience de la relaxation auprès de patientes atteintes d’un cancer du sein. Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’État de Psychomotricien, Université de Bordeaux, Bordeaux.

Reich, M. (2009). Cancer et image du corps : identité, représentation et symbolique: Travail présenté lors des 27es Journées de la Société de l’Information Psychiatrique, Lille 24-27 septembre 2008. L’information psychiatrique, 85, 247-254.  https://doi.org/10.3917/inpsy.8503.0247

Prise en charge du psychomotricien, Institut national du Cancer, https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Qualite-de-vie/Fatigue/Prendre-en-charge/Psychomotricien